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02.03.2020

L’accouchement dans une société sur-valorisant la prise en charge 4/4

par Magali Dieux
accouchement-hopital

L’effet Barber* du toujours plus facile, simple et rapide

Dans l’étude IPSOS Le vécu de la grossesse, mon attention a été particulièrement attirée par deux résultats, l’un quantitatif : 89% des femmes préfèrent accoucher dans un hôpital ou une clinique pour des raisons louables de sécurité, l’autre qualitatif : face à leurs peurs, les femmes répondent par laisser faire, acheter et affirmer leur gros ventre. Ne serait-ce pas « l’effet Barber » du toujours plus facile, simple et rapide quand de nombreux obstétriciens ont prouvé que la sécurité de l’accouchement est aussi une affaire d’intimité, de temps et de profondeur ?

Le dépassement de soi n’est plus d’actualité…

dans l’acte d’accoucher ?

Soit, invitons les femmes et les hommes à se poser. Physiquement et mentalement. Faire un arrêt sur image, temps suspendus de réflexions et questionnements sur eux-mêmes. Un état des lieux comme acte de dépassement de soi afin qu’ils trouvent et se créent leurs propres ressources, puissance et estime dans tous ces nouveaux changements qu’est l’arrivée d’un enfant. 

Deux manières d’être. Et la troisième ?

Dans notre quotidien, à plus forte raison lorsque nous attendons un enfant, nous alternons deux manières d’être : celle de nous protéger de l’extérieur et celle de faire ce qu’on pense qu’« il faut faire ». Il existe une troisième manière d’être : l’ouverture sans démission, la responsabilité sans peur. Aujourd’hui, un questionnement précis dans un échange de paroles avec d’autres couples permet aux futurs parents de prendre la responsabilité de ce qu’ils créent dans leur vie : la mise au monde de l’enfant, leur couple, leur relationnel avec les autres, ce qui marche… et ce qui ne marche pas. Cette démarche n’apporte que des bénéfices. Le + : la femme qui s’approprie sa propre vie n’est pas sujette aux dépressions pré et post partum.

En bref :

Que la grossesse soit vécue comme un épisode naturel et/ou comme un événement exceptionnel, il n’est jamais inutile de prendre le temps de cette introspection accompagnée. Pourquoi ? Parce qu’un épisode naturel dans un contexte ultra civilisé perd de sa nature. Parce qu’à « événement exceptionnel », « préparation exceptionnelle ». Parce que sans un travail de développement personnel, l’être humain altère son énergie vitale trop occupé à survivre ou à se soumettre (contrôler sa vie ou laisser les autres la contrôler). La troisième voie, celle de la liberté d’être développe une manière de vivre sans effort, sans culpabilité. Une manière d’être où sagement nous faisons des choix et nous nous y tenons, où nous prenons la responsabilité de nos actes ou de nos non-actes, où nous faisons entendre notre voix tout en écoutant l’autre vraiment. Aujourd’hui ce que je propose n’est pas de la science fiction ; nous avons les outils qui nous permettent d’atteindre cette qualité de vie et y a-t-il plus belle opportunité que l’arrivée d’un enfant pour faire le premier pas ? 

Quand les hommes parlent de leur vécu

* Le livre Comment le capitalisme nous infantilise de Benjamin Barber, professeur de sciences politiques à l’université du Maryland, spécialiste de la société civile – ED. Fayard, 2007 –  m’a inspiré ce titre et cet article.