Accueil > LES FRANÇAISES ENCEINTES NE VEULENT PAS CHOISIR UN CAMP
Attention, choisir un camp est anxiogène : les premières lignes de cet article vont peut-être vous choquer. Au point de suspendre votre lecture. Quel dommage. C’est juste un aperçu du climat dans lequel évoluent les Françaises enceintes, depuis des années. Et ça continue…
Vous soutenez que les violences obstétricales existent, que des césariennes et des épisiotomies sont effectuées sans nécessité ? Que des femmes qui accouchent peuvent être traitées sans aucun respect ? Priées de se taire, de souffrir sans se plaindre et de laisser travailler les professionnels ? Allons, avouez ! Ne seriez-vous pas une adversaire de l’hôpital et de ceux qui y travaillent ? Ne voulez-vous pas revenir à l’accouchement à domicile, dans la douleur et sans aucune sécurité ? Seriez-vous une ennemie de la Science et une anti féministe ?
Vous affirmez que les douleurs d’un accouchement peuvent être atroces et que la péridurale est un grand progrès ? Qu’un accouchement peut présenter des difficultés imprévues et qu’un environnement médicalisé est nécessaire ? Vous pensez que la plupart des professionnels intervenant autour de la naissance sont attentionnés ? Allons, avouez ! Vous voulez voler aux femmes leur accouchement, les empêcher de le vivre pleinement, les traiter comme des objets. Vous êtes une ennemie du naturel et une anti féministe.
Il ne s’agit nullement de rejeter les avancées de la science, au contraire. Mais souvenons-nous que plus nous utilisons la technique, plus nous devons être attentifs à l’humain. Replaçons les enjeux là où ils se trouvent : dans les relations entre les soignants et les femmes enceintes ; entre les sachants et les non-sachantes. C’est pourquoi nous avons eu l’idée de construire le diplôme « Accompagner, de la procréation à la naissance ». Initié par l’association Naître Enchantés, il a été créé par l’Université de Toulon. La Chaire de philosophie à l’hôpital est partenaire. Avec Conservatoire National des Arts et Métiers de Paris, il est aujourd’hui un Diplôme Inter Université.
Les femmes enceintes veulent souvent instaurer, avec les soignants, une relation de confiance, fondée sur la coopération. Elles ne contestent nullement les savoirs techniques des soignants. Ces femmes ne cherchent pas non plus – en dehors de quelques rares extrémistes- à souffrir ou à réaliser une quelconque performance. Elles veulent simplement être les actrices informées et conscientes d’un évènement qui les concerne très directement ; elles, leur conjoint et l’enfant qu’elles mettent au monde : quoi de plus « naturel » ? Mais elles ne savent pas toujours le dire. Elles peuvent être impressionnées par le milieu médical (la technique, le vocabulaire, la manière dont on leur parle…). Elles peuvent être, tout simplement, stressées par les douleurs, la fatigue, l’angoisse….
Les soignants doivent être prêts à accueillir ces angoisses et à y répondre ; celles des femmes – et plus largement celles des couples -. Démonstration :
Une femme demande à un anesthésiste si la péridurale fait vraiment mal ? A votre avis, que lui répond l’anesthésiste ? Sans rentrer dans les détails, la réponse de l’anesthésiste va, la plupart du temps, être technique. Et la plupart du temps, vous allez voir le regard de la femme s’échapper. Ce n’est pas la réponse qu’elle attendait. Elle est déçue. Quelle réponse voulait-elle avoir ? Elle ne sait pas elle-même. Pourquoi ? Parce qu’en posant sa question, elle-même ne sait pas tout ce que cette question peut cacher. Elle a besoin du questionnement du médecin pour comprendre ce qui l’inquiète vraiment : l’aiguille ? L’analgésiant de synthèse ? L’échec de la péridurale pour sa sœur ? La peur d’être paralysée ? Etc…
Par quelle magie cette cadre sage-femme arrive-t-elle à calmer cet homme ? Il y a encore quelques minutes, il mettait le service en ébullition en hurlant. La raison de sa colère ? Il n’y avait pas de plateau de petit-déjeuner pour lui. La « magie » d’un questionnement précis, dans une écoute attentive a aidé l’homme à comprendre. En fait, il était terrorisé à l’idée de ne pas savoir comment prendre sa place de compagnon et de père. C’est la différence entre une demande explicite et une demande implicite. Demande explicite : « je veux un plateau déjeuner ». Demande implicite : « Où est ma place de père ? ». Témoignage de l’hospitalière Véronique Coni ici.
Les parents sont, à leur façon, devenus eux aussi, des experts de la naissance. Les professionnels doivent donc être capable de reconnaitre une demande implicite et d’y répondre. Et, avoir la bonne écoute et la bonne réponse en très peu de temps nécessite un apprentissage et un entraînement. En effet, les soignants ne peuvent prétendre accompagner le comportement des parents sans travailler sur leur propre comportement. Comme le montrent les exemples ci-dessus. C’est un des objectifs de cette formation. Et c’est un réel objectif de santé. Pour les femmes enceintes, leurs conjoints, les fœtus et nouveaux nés. Programme de formations ici.
Premier temps : construire l’état des lieux et partager. Que peuvent apporter les experts et praticiens à la réflexion ? Les auditeurs croisent leurs points de vue avec des conférenciers. Ces conférenciers viennent de multiples horizons (psychologie, histoire, ethnologie, philosophie, droit, économie, médecine…). Deuxième temps : expérimenter et ajuster ensemble. Quelles sont les opportunités et dérives des divers accompagnements ? Existe-t-il de nouvelles façons d’être en lien ? Nous le saurons en décortiquant notre relation à l’autre, en direct. Troisième temps : construire son plan d’actions personnel : « Quel acteur de l’accompagnement ai-je envie d’être ? Pour quelle clientèle ? Quelle est ma manière de communiquer et quels en sont les effets sur le couple ?
Article écrit par Joël Dessaint et Magali Dieux
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