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03.07.2021

Un bébé comme élaboration imaginative

par Magali Dieux
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Qui est Cynthia Fleury ?

Professeur  titulaire de la Chaire Humanités et Santé au Conservatoire National des Arts et Métiers, titulaire de la chaire de philosophie au GHU Psychiatrie et Neurosciences, elle reviendra sur les théories du “care”, les fonctions dites “phoriques” et présentera les enjeux du Diplôme Inter Universitaire Accompagner de la procréation à la naissance.

 

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Avec ce titre provocateur, Cynthia Fleury, partenaire du Diplôme Universitaire Accompagner de la procréation à la naissance ouvre notre réflexion avec un premier regard philosophique.

Qu’entend Winnicott par cette formulation subversive ?

Quelles sont les conceptions du soin et de l’attachement qu’il suppose pour affirmer une telle chose ?

Qui est Winnicott ?

Connu dans le monde entier, Donald Woods Winnicott (1896-1971), pédiatre et psychanalyste anglais, formé par Melanie Klein (1882-1960) et proche d’Anna Freud (1895-1982), fut le premier homme de la saga freudienne à devenir un chef d’école dans le domaine de la psychanalyse des enfants, réservé d’habitude aux femmes.

 

The good-enough mother

J’aime à me rappeler que Donald Winnicott a développé le concept  The good-enough mother avec une mère suffisamment bonne pour donner des réponses équilibrées aux besoins du nourrisson, en opposition à une mère qui ne serait “pas assez bonne” et laisserait l’enfant en souffrance et dans l’angoisse, ou bien à une mère qui serait “trop bonne”, anticipant trop les besoins de l’enfant et ne le laissant pas assez ressentir le manque – et donc le désir -, élément essentiel à l’identification du moi comme différencié de la mère (D. W. Winnicott, La Mère suffisamment bonne, Payot, 2006).  Je précise que les propos de Winnicott n’était pas focalisé sur la personne de la mère mais plutôt sur le rapport de l’enfant à l’objet maternel. Ainsi, aujourd’hui, nous, les accompagnants, sommes le plus souvent face à des parents trop bons qui, sont épuisés et dévitalisés face à des bébés inquiets de trop de soins. Ce qui, de mon point de vue, pourrait expliquer les fameux trop longs “temps de décharge” quotidiens de certains nourrissons. Trouver la bonne distance entre les besoins réels de l’enfant et ses propres désirs – ni trop présent, ni trop absent – est un art difficile. Autant s’avouer vaincus et s’adonner au bricolage au jour le jour. Pour en revenir à la brillante intervention de Cynthia Fleury :

 

La communication entre le nourrisson et la mère, la mère et le nourrisson : comparaisons et contrastes, 1968

  • Il n’y a pas de conscient et d’inconscient chez le nourrisson.
  • Ce qu’il y a c’est un monceau d’anatomie et de physiologie jusqu’à devenir une personnalité humaine.
  • Rien de ce qui a fait partie de l’expérience d’un individu n’est perdu. L’expérience de vie cumulative
  • Schéma de développement de l’être humain : le concept de dépendance absolue du nourrisson, la dépendance relative, la voie de l’indépendance (autonomie, unité distincte séparée).
  • Pas de distinction entre moi et non-moi, l’environnement fait partie du nourrisson.
  • La mère a été un bébé, le nourrisson n’a jamais été une mère.
  • Le holding : le cadre dans lequel les communications principales ont lieu au début de l’expérience de vie du nourrisson.
  • Intégration, non-intégration des événements: accumulation des expériences donne un schéma constituant le fondement des espérances du nourrisson (fiabilité des processus internes)
  • Je suis fiable non parce que je suis une machine mais parce que je sais ce dont tu as besoin, je veille sur toi. La communication des effets de la fiabilité est silencieuse, à l’inverse de celle de la défaillance de la fiabilité.
  • Aimer : réparer ses défaillances, ce sont les innombrables défaillances suivies de soins réparateurs qui constituent une communication d’amour sinon déprivation (expérience de défaillances non rectifiées)
  • Le bercement : une assurance contre la dépersonnalisation ou la disparition de l’association psychosomatique (association des deux rythmes, mère-enfant)
  • Le jeu, interaction ludique entre mère-enfant, l’aire commune, le lieu où réside le secret, l’espace potentiel qui peut devenir un objet transtionnel, le symbole de la confiance, le vécu d’affection et de plaisir
  • Le visage de la mère est le prototype du miroir, le nourrisson s’y voit
  • Viens vers le monde de façon créative, crée le monde, il n’y a que ce que tu crées qui a un sens pour toi. / expérience d’omnipotence et de contrôle / expérience de la frustration. C’est parce que nous avons été « Dieu » que nous pouvons être poussières.